Liens entre produits capillaires et santé des femmes noires
Depuis petite, j'ai toujours utilisé des produits pour mes cheveux au-delà du shampoing : crèmes, défrisants, clarifiants, masques, huiles, après-shampoings, gels pour les boucles, et bien plus encore. Beaucoup de femmes noires de mon entourage ont un placard rempli de produits capillaires. Mais combien d'entre nous s'interrogent réellement sur les compositions de ces produits ? Au-delà des soins, nous avons aussi recours aux tresses avec des extensions, dont les matériaux peuvent être potentiellement dangereux pour notre santé.
La composition des produits capillaires : des dangers souvent ignorés
De nombreux produits destinés aux cheveux afro contiennent des ingrédients préoccupants, notamment des perturbateurs endocriniens, des parabènes, des phtalates et du formaldéhyde. Ces substances, fréquemment utilisées comme conservateurs ou pour leurs propriétés esthétiques, sont associées à des risques significatifs pour la santé, notamment des perturbations hormonales et un risque accru de certains cancers.
Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ces substances sont particulièrement préoccupantes en raison de leur application fréquente sur le cuir chevelu, une zone sensible. L’Anses a récemment recommandé l’interdiction de certains ingrédients à risque dans les produits cosmétiques, et ces mesures devraient entrer en vigueur dès le début de l'année 2024.
Les parabènes, par exemple, imitent les œstrogènes dans le corps et augmentent les risques de développer des cancers hormonodépendants tels que le cancer du sein. Leur utilisation fréquente dans les produits capillaires amplifie l’exposition prolongée à ces substances, ce qui est particulièrement préoccupant pour les femmes noires, grandes consommatrices de ces produits.
Les défrisants : un risque accru
Les défrisants, largement utilisés pour lisser les cheveux crépus, sont parmi les produits les plus controversés. Une étude menée aux États-Unis a révélé que l’utilisation fréquente de défrisants peut doubler le risque de cancer de l’utérus, en raison de la présence de produits chimiques tels que le formaldéhyde, classé comme cancérogène avéré. Les femmes noires, principales utilisatrices de ces produits, sont donc disproportionnellement exposées à ces risques.
En plus de ces effets à long terme, les défrisants peuvent causer des irritations sévères, des brûlures du cuir chevelu et des dommages permanents aux cheveux, rendant leur utilisation encore plus problématique.
Les extensions : un autre danger caché
Les extensions capillaires, souvent utilisées pour les tresses, posent également des risques sanitaires. Les matériaux synthétiques contiennent parfois des substances irritantes, susceptibles de provoquer des réactions allergiques, des démangeaisons ou des brûlures du cuir chevelu. Par ailleurs, le poids des extensions peut provoquer une traction excessive sur les follicules pileux, entraînant une alopécie de traction, une condition qui peut devenir permanente si elle n’est pas traitée à temps.
Vers une routine capillaire plus saine
Pour minimiser ces risques, il est essentiel d’adopter une routine capillaire plus consciente. Voici quelques conseils pratiques :
Lisez les étiquettes : Évitez les produits contenant des ingrédients nocifs comme les parabènes, les phtalates ou le formaldéhyde. Utilisez des applications pour analyser vos produits.
Privilégiez les produits naturels : Recherchez des soins à base d’huiles végétales, de beurre de karité ou d’autres ingrédients biologiques.
Réduisez l’usage de produits chimiques agressifs : Limitez l’utilisation des défrisants ou optez pour des alternatives plus douces.
Prenez soin de votre cuir chevelu : Évitez les styles trop serrés ou les extensions lourdes, et alternez avec des coiffures plus légères.
Retour sur l'atelier interactif : "Cheveux afro et santé"
Le 22 novembre dernier, Tant que je serai noire a organisé un atelier interactif au Café des Audacieuses à Paris pour aborder ces enjeux. Les participantes ont eu l'occasion d'apporter leurs produits capillaires, de les analyser ensemble, et d'apprendre à décrypter les étiquettes grâce à des outils pratiques comme des application de décryptage de produits.
Ce moment d'échange a permis de sensibiliser à l'impact des produits capillaires sur la santé des femmes noires, tout en partageant des conseils pour adopter des routines plus naturelles et respectueuses. Cet atelier a également été l’occasion de renforcer la communauté et de rappeler que prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de sa santé.